LE CARAVAGISME
Le style de Caravage se caractérise par des effets de clair-obscur très poussés (contraste des couleurs claires et des couleurs sombres) et des scènes dans lesquelles les personnages prennent des postures dramatiques sous une lumière brutale. Chez Caravage tout est dans l’excès et la démonstration. Le style fait école et se répand en Espagne, en France et dans les pays du Nord.
Michelangelo Merisi Da Caravaggio, dit « Le Caravage ». « Corbeille de fruits » 1593-1594. Huile sur toile 31 x 47cm. Milan Pinacothèque Ambrosienne.
« Les ouvrages de l’art et des sciences, de même que les objets de cabinets de curiosités, étaient prétextes à des exercices esthétiques et intellectuels, qui visaient conjointement à l’édification religieuse, aussi bien dans la retraite intellectuelle que dans ces cercles érudits qu’étaient les académies. Le fait que les peintures renvoyaient à plusieurs niveaux de signification et d’interprétations les rendaient encore plus attrayantes comme objet de contemplation. Pour le cardinal Boromée, la Corbeille de fruits, n’était pas seulement un chef-d’œuvre esthétiquement parfait, mais aussi un sujet de méditation. Grâce à elle, il avait, en permanence sous les yeux les merveilles de la sagesse divine, indépendamment des saisons. »
Sybille Ebert Schifferer « Natures mortes » Citadelles & Mazenod -1998
ANALYSE DE L’OEUVRE.
Les éléments iconiques : feuilles fanées et pomme marquée d’une flétrissure sont intégrées à la composition. Les fruits représentés dans leur maturité avec une telle perfection produisent un effet de trompe-l’œil : illusion de pouvoir s’en saisir pour les déguster. Résultat : une œuvre ambigüe qui génère un certain malaise.
La composition de forme pyramidale, soumise à un équilibre apparemment parfait est remise en cause par une tige fanée dissociée de l’ensemble et qui semble flotter dans le vide. Elle se prolonge hors du cadre et invite le spectateur à imaginer le hors champ.
Un contraste fort est le résultat d’un éclairage latéral qui fait ressortir les couleurs chaudes des fruits à portée de main, et laisse dans l’ombre la partie de gauche de la composition.
La corbeille en équilibre sur l’avant du tableau crée un effet illusionniste fort puisque l’objet semble sortir de l’espace du tableau.
POURQUOI L’ARTISTE A-T-IL FAIT CELA ?
L’œuvre évoque le temps qui passe : c’est, cela a été, cela sera. Évocation des cycles de vie, fonction édifiante de la peinture qui donne à penser. Même si les différentes sources ne nous renseignent pas sur les significations symboliques – chrétiennes ou autres – des objets représentés sur ces premières nature mortes, il est à peu près certain qu’elles étaient clairement comprises à l’époque.
Voir la séquence « Peindre un bouquet »
Artpeda 