Fra Angelico

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Fra Angelico « Annonciation » 1442-1443  –                                                                                 Couvent de San Marco à Florence (Italie). 230 x2 97cm.                                                           Fresque située en haut des escaliers avant l’accès aux cellules.

LE CONTEXTE : Fra Angelico, moine dominicain est un artiste emblématique du Quattrocento. Il a travaillé  au couvent de San Marco à Florence. Un certain nombre d’oeuvres sont des fresques situées à l’intérieur des cellules des moines. Elles ont été commandées au peintre par Cosme de Medicis.

Le sujet : dans cette Annonciation on peut penser qu’il s’agit du moment de l’acceptation de sa destinée par la position des mains.

ANALYSE DE L’OEUVRE

Les éléments iconiques : L’ange et la vierge sont insérés dans une architecture élégante et sobre composée de voûtes et de colonnade , symbole de l’espace religieux (la colonne, comme l’arbre est un symbole du Christ, en particulier la colonne centrale qui sépare visuellement la vierge et l’ange). Le jardin visible à travers une des arcatures évoque le jardin d’Eden  qui prend  la forme d’un parterre fleuri dans le style gothique. L’espace au delà de la clôture révèle une végétation luxuriante, désordonnée au milieu de laquelle s’élève un arbre qui se distingue des autres végétaux (redoublement du symbole du Christ). La clôture est très présente : c’est une barrière hermétique qui  délimite l’espace du jardin et une grille qui obture une petite fenêtre dans le fond de la pièce devant laquelle se trouve Marie. La matérialisation de la clôture ainsi que la colombe, dont il ne reste que la trace au-dessus de la tête de la Vierge, renvoient symboliquement à la virginité . Dans la tradition, la Vierge est absorbée par la lecture du livre saint au moment de l’apparition de l’ange; dans l’oeuvre de Fra Angelico, cet élément  essentiel dans le texte biblique est absent..

L’inscription :  sur la base de la pierre du sol, au niveau de la base des colonnes du devant, figure en lettres gothiques un texte signifiant  : « Salut- ô mère de miséricorde et noble repos de la Trinité. ». Une deuxième inscription à destination des religieux est gravée sur le devant : VIRGINIS INTACTAE CUM VENERIS ANTE FIGURAM PRETEREUNDO CAVE NE SILEATUR AVE soit littéralement « Lorsque tu viendras devant la figure de la Vierge toute pure, en passant veille à ne pas oublier de dire un Ave. »

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Les couleurs : Le rose et le bleu sont très présents puisque l’accent est mis sur les personnages centraux. Les couleurs chamarrées des ailes de l’ange peuvent peut-être évoquer un autre espace: l’espace céleste (arc-en-ciel ?). Le bleu du manteau de la vierge est un élément important dans la représentation de la Vierge au Quattrocento: le bleu est le résultat du broyage d’une pierre précieuse, le lapis-lazuli utilisée comme pigment (plus la dimension du vêtement est grand, plus le don du donateur est important (voir « L’œil du Quattrocento  » de Michael Baxandal).

L’aspect graphique de l’œuvre : le tracé rend les formes très lisibles et le semis de fleurs produit un effet décoratif.

Forme et fond : les formes se détachent du fond grâce aux contours mais de façon très subtile elle fusionnent avec lui par la gamme chromatique, en particulier au niveau du buste et du visage de la vierge. Marie appartient à l’espace symbolique de l’église en construction.

L’espace : la rigueur du système perspectif donne un cadre solide à la narration. L’espace dans lequel sont positionnés l’Ange et la Vierge est délimité par un carré, simulation de tirants d’acier qui viennent renforcer la solidité des colonnes. Le tout dessine une boîte : une « machine à voir » qui contribue à servir le texte. Deux espaces sont identifiables : l’espace extérieur (le jardin) et l’espace construit. L’ange fait le lien entre les deux espaces  (le bout de l’aile pointe vers le jardin), alors que la vierge est en retrait à l’intérieur de la pièce dans laquelle elle semble devoir rester confinée. Symboliquement l’ange fait le lien entre l’histoire de l’ancien testament  : la chute d’Adam  au paradis terrestre et la rédemption par le christ.  Les auréoles ne sont pas soumises à la règle de la perspective (règle byzantine).

La lumière  baigne l’ensemble de la scène d’une lumière diaphane. Les personnages semblent être la source même  de la lumière qui se diffuse dans l’espace. La lumière n’est donc pas d’origine physique mais métaphysique.

La technique de la fresque et le support : la fresque est une technique de peinture qui se réalise sur le plâtre frais (d’où son nom). Ce procédé  permet à la couleur de pénétrer dans la matière et lui donne une luminosité particulière. L’Histoire s’inscrit dans la paroi même du bâtiment religieux, l’œuvre prend une dimension symbolique encore plus forte.

 

Voir la séquence « cliché et stéréotype »

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